[Angleterre] Meutre à Cadbury Castle

Tant bien que mal, César fait fi de sa stupeur. Il salue alors tous les étudiants d'un signe de tête, sobrement, puis se dirige vers le professeur Carçon.

Eric, souffle-t-il en posant sa main sur l'épaule du pauvre homme rompu par le chagrin. Je viens prendre des nouvelles.

L'Africain se moque de paraître trop familier, lui qui ne connait l'archéologue et ses élèves que depuis deux jours. Il n'en est pas moins sincère et partage la tristesse qui hante le réfectoire. Peu lui importe également de se montrer grossier car, après l'avoir copieusement ignoré, il dévisage le géant qu'il a reconnu comme étant Bedwyr.
Tristan serait ravi de retrouver ce frère d'armes s'il était certain qu'il ne représente aucun danger. Le drame qui a coûté la vie à la jeune Clémence appelle à la prudence tout comme à la justice. Aujourd'hui, cet ami des temps jadis est-il encore un défenseur de la Lumière ou bien a-t-il succombé aux Ténèbres ? Bedwyr était réputé pour sa loyauté indéfectible au Roi Arthur et à la Table ronde. Aussi Tristan va-t-il vérifier si sa renommée est encore d'actualité, ou non...

Je m'appelle César, lance-t-il à l'Irlandais après s'être fiché juste devant lui, au point d'avoir à lever la tête pour le regarder dans le blanc des yeux. Navré de vous rencontrer en pareilles circonstances.

La trinité ne cille pas, et la poignée de main adressée à Bedwyr est ferme. Il est fort possible que ce dernier juge ces retrouvailles plus froides que ce qu'il pouvait espérer.

L'un des étudiants interrompt les retrouvailles des Trinités;

Professeur! Nous devons prendre une décision au plus vite. Quelle qu'elle soit!
...
Nous devons savoir ce que nous allons faire de notre journée... des prochains jours. Certains d'entre nous devrons trouver d'autres sites au plus vite.
Ne nous laissez pas dans l'expectative. Nous... ... nous...
...
Devons nous en venir à un vote à main levée?

Les têtes se baissent, le silence acquiesce à ces propos.
Quelques secondes s'étiolent...

Ne t'éloigne pas veux-tu, Bedwyr, murmure César, les yeux toujours braqués sur le géant.

Il se retourne ensuite pour faire face à Carçon, et n'hésite pas à prendre la parole :

Je sais que je me mêle de ce qui ne me regarde pas Éric, mais je pense que vous ne devriez pas abandonner les fouilles. Vous avez déjà fait un travail considérable avec votre équipe. Vous venez de perdre une étudiante dans des circonstances tragiques mais je suis prêt à parier que tous ces jeunes gens comptent encore sur vous. César s'adresse maintenant à toutes les personnes ici présentes. Je ne connaissais pas la jeune Clémence, pas plus que je ne vous connais d'ailleurs, mais je suppose qu'elle devait être elle aussi passionnée par ces recherches. Cette même passion qui vous anime professeur, continue-t-il en observant respectueusement Carçon, et je suis bien placé pour savoir qu'elle est communicative.

César exécute un exercice difficile mais dans lequel il a bien trop d'expériences à son gôut ; celui de réconforter des personnes frappées par le deuil. Aussi continue-t-il, même si le discours qu'il tient peut sembler rude.

Sans compter que partir, c'est faire le jeu du salopard qui a agressé mademoiselle Nobre. L'Africain marque un cours silence pour appuyer ses propos. Vous avez pour ainsi dire l'obligation de rester et de continuer vos recherches pour les dédier à votre amie. En attendant que la police mette la main sur son assassin, je crois que c'est la meilleure façon d'honorer sa mémoire.

Les poings serrés, la trinité fait quelques pas en arrière pour se positionner à côté de son frère d'arme du temps où tous deux étaient chevaliers de la Table ronde.

Nous allons vous laisser entre-vous à présent, lâche César en saisissant Bedwyr par le bras pour l'inviter à sortir. Sans se soucier de la réaction de ce dernier, il s'adresse à nouveau au professeur Carçon et à ses élèves. J'espère que vous pardonnerez ma franchise... et j'espère que vous resterez.

A peine, César et Sean, ont-ils quitter le réfectoire, qu'à l'intérieur des étudiants reprennent la parole tentant d'exhorter le professeur et leurs confrères d'acquiescer aux propos de Tristan.
Depuis le seuil, ils peuvent distinguer leur frère d'armes Lancelot au milieu des fouilles inspecter les alentours. Puis il lève la tête vers eux.

César fait signe à Lei de rester où il est. L'Irlandais et lui vont le rejoindre.

Viens, dit-il en s'adressant au rouquin qui l'accompagne, un ami nous attend. Faut qu'on parle car on a beaucoup à se dire après tout ce temps.

Bedwyr et Tristan arrivent donc à la hauteur de Lancelot. Tous trois se sont mis en retrait afin d'être à l'abri d'éventuels regards indiscrets.

Je te présente Xiu Lei mais je pense que tu le reconnais, annonce César. Lei, voici...

Les deux Trinités pour qui la lutte a déjà commencé regardent maintenant leur ami d'antan. A lui de les convaincre qu'il est toujours leur frère d'arme et que combattre ne l'effraie pas.

Déjà, t'espères rien du tout ! lâche César en fixant le géant roux. Avant, la moindre des choses serait de te présenter, histoire que l'on sache qui tu es aujourd'hui !

La Trinité a bien insisté sur ce dernier mot. Elle se veut rude mais elle tient à s'assurer de la nature actuelle de Bedwyr : Lumière, ou Ténèbres ?

Dis-nous donc comment tu es arrivé ici et où tu étais il y deux nuits de ça ? poursuit-il. Après avoir entendu Lei, tu dois comprendre que l'enfoiré qui a tué la jeune Clémence partage peut-être notre secret. Et ravi de savoir qu'on est tous d'accord pour dire que cette sordide histoire nous concerne directement. Des créatures de Ténèbres s'en sont donc déjà prises à nous. Toi, quelles déboires as tu rencontré depuis ta révélation ? Avec ce nouveau millénaire, c'est une guerre sans précédent qui nous attend alors je veux pouvoir faire confiance à mes frères d'armes. Les politesses viendront après, d'autant qu'il faudrait savoir pourquoi la police a encore été sollicitée dans un patelin normalement si tranquille, conclut-il en se tournant vers son collègue escrimeur.

César n'est pas particulièrement délicat dans son approche. Reste que la franchise dont il fait part maintenant ne fera que renforcer plus tard la foi qu'il aura en ses camarades. Et puis l'ami Bedwyr devrait finir par le convaincre de sa bonne volonté...

Spoiler:

Lancelot est toujours aussi accueillant et chaleureux avec ses amis, quoiqu'ils aient pu faire auparavant. Pourtant c'est bel et bien ce Lancelot qui a été prompt a en pourfendre quelques uns, de ses amis...

Tristan pense à cent à l'heure. Et l'interaction énigmatique de Bedwir ne l'aide pas.

César doute et ne peut que se méfier de cet homme qui dénigre encore leur dévoiler son identité, malgré la franchise apparente. Serait-il donc l'un de ces semblables, ceux dont les Messagers ont parlés: les faibles qui ont succombé à leur pendant ténébreux, les Archontes-Roi?! Ce pourrait-il que certains tentent de les repérer, les infiltrer? Pour mieux les détruire ou les corrompre?!

En tout cas, ce rouquin à l'air de faire fi des questions, les éludant, répondant avec une gaieté déconcertante en les circonstances actuelles.
En ce milieu de matinée, il est grand temps pour notre conciliabule de trois Trinités de faire le point.
Quoiqu'il en coûte!

...César fait un pas en avant et pointe le géant d'un doigt accusateur pour mieux capter son attention :

T'as beau faire une bonne tête de plus que moi ruivo, je te déconseille de me prendre de haut. Sympathique et généreux hein ? Et bien pour l'instant tu me parais être une belle tête à claques, du genre à se foutre qu'une jeune femme ait été tuée alors qu'on est directement concerné. Nous, dit-il en désignant Lei de la tête, on prend ça très au sérieux !

L'Africain scrute les alentours pour s'assurer que personne ne peut les voir, puis fait un pas en avant pour plonger à nouveau son regard dans celui de Bedwyr.

On était des chevaliers oui ou merde, et on a combattu côte à côte non ? demande-t-il en poussant légèrement le rouquin. Alors ravale ton foutu sourire pour le moment, garde tes bons mots, et dis-nous comment tu t'appelles bordel. T'as le droit de douter, et nous aussi on se pose des questions, mais on doit savoir si t'es avec nous ou contre nous ! Et puisqu'il faut jouer aux policiers, raconte-nous donc où tu étais la nuit où Clémence Nobre a été tuée... Sois convaincant amigo !

César n'en démord pas. Il préférerait se montrer plus conciliant mais il souhaite avant tout jauger l'Irlandais dont il n'apprécie guère la légèreté. Ce n'est pas une telle attitude qui permettra aux Trinités de surmonter toutes les épreuves qui se profilent déjà à l'horizon.

Il en était donc ainsi...
Bedwir avait toujours jalousé le poste de second de Tristan. La rancune avait vraisemblablement traversé les âges. Il n'a jamais admit que le premier chevalier, qu'il fut Lancelot ou Gauvain, puisse choisir ce... jouvenceau. Qu'avait-il donc fait pour mériter telle considération!
Bedwir ressasse les mots de Lancelot lui promettant le poste s'il faisait montre de plus hauts faits d'armes, mais la malchance ne lui en laissa pas l'occasion. Puis Gauvain lui avait murmuré quelques raisons byzantines...

Mais aujourd'hui, avec le premier chevalier pour témoin, Sean peut se faire justice. Il aurait aujourd'hui ce qu'il avait désiré. Il n'y a plus qu'une formalité à ce bonheur: un duel, un pugilat, peu importe. L'irlandais montrera sa supériorité sur ce... cet arriviste dans l'instant.

Et bien enchanté monsieur O'Connel. Moi c'est Abate, lâche César avec ironie, un nom qui ne fait pas bon oublier. Pour ce qui est de jacter l'ami, c'est toi qui nous raconte combien t'es sympa et comme tu aimes crapahuter dans les bois. Grand bien te fasse. Quant à James, car c'est son nom, on ne t'a pas attendu pour penser aux problèmes que pose son hospitalisation. Figure-toi que les policiers ne pourront pas l'identifier dans l'immédiat.

La Trinité a sorti de sa poche la carte de Cornwell pour la montrer brièvement à O'Connel.

Et tu devrais être suspicieux toi aussi, ou c'est que tu n'as pas saisi les dangers qui nous menacent. Après, tu fais comme tu le sens mais ne te mets pas en travers de mon chemin, okay ? surenchérit le Mozambicain en rangeant la carte de l'agent du MI5. S'adressant ensuite à Lei : On ne va pas rester là à attendre, alors qu'est-ce qu'on fait d'après toi ?

César laisse Sean à sa colère, tentant tant bien que mal d'apaiser la sienne. Il ne sert à rien de s'obstiner davantage. Le fait est qu'il va se méfier de l'Irlandais, mais peut-être que ce dernier parviendra à le faire mentir... Tristan n'en attend pas moins de Bedwyr.