[Angleterre] Retrouvailles à Cadbury Castle

César peine à assimiler tout ce que Carçon lui raconte. Pour autant, certains détails ne lui ont pas échappé.

Des nombreux chevaliers de la Table ronde que comptent les légendes arthurienne, cela voudrait peut-être dire que douze d'entre eux se sont particulièrement distingués, représentant chacun un signe zodiacal ? Vous parliez à l'instant de vos précédentes recherches, de sites ayant appartenu à différentes périodes de l'Histoire mais tous en rapport avec les constellations... Pardonnez mon ignorance mais, pourriez-vous me dire quelle vertu on prêtait à l'astronomie ?

En son fort intérieur, la Trinité s'interroge : Tout cela signifie-t-il qu'Arthur Pendragon était entouré de pas moins de douze Trinités ? Et Mordred, était-il l'une d'entre elles avant de succomber à l'influence de son Archonte et de devenir un traître ?

Hum, ce que vous dites est intéressant. Mais je pencherai plus sur le fait que chaque chevalier avait une tâche liée au signe qu'il représentait, et non pas l'inverse.
Longtemps nous avons cru que les "Anciens" ne faisaient pas la différence entre astronomie et astrologie. En fait, il n'en était rien. Pour eux il y avait l'astrologie qui affirme l'existence d'une relation entre l'homme et le cosmos, et même un astronome n'y voit rien d'impossible: même s'il se demande la "nature" de cette influence, sa "portée", ses "limites", etc. Autant de questions jamais élucidées par nos astrologues contemporains.
Les Anciens reconnaissaient également l'existence de... l'astromancie, qui va plus loin dans le mystique: elle prétend que le ciel de naissance détermine le caractère, et que les "transits" des planètes sur le schéma initial permettent de prévoir l'avenir.

Ravi de pouvoir s'entretenir avec un passionné, Carçon fait une proposition à César.

Si vous le désirez vous pouvez vous installer avec nous dans les préfabriqués le temps de votre séjour?! Nous vous trouverons un lit sans problème.

D'abord attentif, César est surpris par la proposition de l'archéologue. Affichant un large sourire, il lui répond :

Vraiment ? Et bien j'accepte avec plaisir monsieur Carçon. Même si je me plais à penser que notre destin est celui qu'on se construit, je dois avouer que tout ce que vous venez de me raconter attise ma curiosité.

Avant de continuer, César réajuste sur son épaule le sac de voyage qui contient ses quelques affaires.

Sans vouloir passer pour un fou, dit-il d'une voix amusée, je me passionne depuis peu pour tout ce qui touche au "mystique" comme vous dites.

Pour César, côtoyer un expert comme Carçon est l'opportunité rêver pour en apprendre davantage, d'autant plus que les recherches qu'il mène sur Camelot sont en rapport direct avec les Trinités...

Je vous en pris, appelez moi Éric.

Tout sourire, d'un geste de la main, le docteur invite un de ses étudiants à rejoindre le duo qui fut longtemps dévisagé par ses derniers, certainement intrigués qu'ils furent par le contraste de l'association de duettistes tel César et Monsieur Carçon.

Suzanne va vous montrer votre chambre... puis la mine d'Éric s'assombrit. Je dois cependant vous avertir qu'il semblerait qu'un... danger plane sur le site. En effet, nous avons reçut la visite de deux agents du MI5 dans la matinée. Et nous serons sûrement amenés à quitter les lieux si une menace terroriste s'avérait fondée. Comme pour lui même il continue sur un ton plus bas, emplie de déception, je me suis donné tant de mal pour monter cette expédition...

A l'arrivée de son étudiante il se reprend, retouvant toute sa chaleur engageante et poursuit

Installez vous. Puis rejoignez-nous quand bon vous semble... je vais m'enquérir plus avant sur l'épaisseur du fil de l'épée de Damoclès, finit-il en un large sourire.

César s'adresse à Carçon juste avant que l'étudiante n'arrive.

Tout à l'heure, j'ai rapidement rencontré ces agents. Je dois d'ailleurs les revoir plus tard. Enfin, je ne pense pas qu'il y ait de véritables dangers car je ne vois pas ce que des terroristes viendraient faire ici.

La Trinité se demande bien quelle histoire ses anciens frères d'armes ont pu inventer.

Quoi qu'il en soit, je vous remercie... Eric. Et s'il vous plait, appelez moi également par mon prénom.

Sur ce, César n'a pas le temps de s'interroger davantage car une jeune femme vient de les rejoindre. Il laisse donc Carçon vaquer à ses occupations, tout sourire, avant de se tourner vers...

Suzanne. Enchanté, je m'appelle César.

Salut... César. Je te montre où tu vas dormir ces prochains jours.

Suzanne est une jeune femme des plus classique, elle passerait totalement inaperçue au sein d'une foule. Son accent cependant laisse entendre qu'elle doit être originaire des pays de l'Europe de l'est. Elle ouvre donc la marche vers les futurs quartiers de César. Dans les préfabriqués utilisés comme dortoir, le mozambicain constate que l'expédition de Éric pourrait comprendre le double de personne.
Arrivés face à une porte, Suzanne et César en ont finis avec les banalités d'usage de la conversation, démontrant la nationalité ukrainienne de l'interlocutrice entre autres choses.

Voilà ta chambre. T'es un veinard, t'y seras seul. Fais comme chez toi, finit-elle en lui tendant une clé.

Puis, sur ces derniers mots, Suzanne fais demi-tour et prend le chemin de la sortie.

César remercie l'étudiante avant de jeter son sac sur le lit qu'il a choisi. Une fois seul, il déballe ses quelques affaires et les pose ici et là. On peut alors le voir extirper un petit sachet de la doublure de son pantalon de rechange qu'il range soigneusement dans l'une de ses poches. Il jette ensuite un coup d'œil au dortoir...

Sur ce, César quitte le préfabriqué et le ferme à clé. Il s'en retourne maintenant vers le site. La Trinité a l'intention de s'imprégner des vestiges de Camelot, mais il lui faut aussi retrouver Xiu et Cornwell, voir s'ils se sont sortis de leur guêpier, pour décider de la marche à suivre.

Finalement... la police ayant quitté les lieux, les étudiants et leur professeur tout entier à leur tâche, il semblerait que nos trois Trinités disposent enfin d'un peu de temps pour faire plus ample connaissance.

Peut-être finiront-ils par se retrouver plonger à nouveau dans leurs souvenirs d'une vie passée, car jusqu'à maintenant, le simple fait de découvrir Camelot, et ses chevaliers, n'a pas fait ressortir de vision tout aussi précise que celles qu'ils purent avoir avant de venir en ce lieu sacré.

James pris la parole.

Je ne sais pas combien de temps nous avons, mais il faudrait qu'on puisse se contacter facilement. Si vous n'avez pas de téléphone portable, je peux en avoir. Je me présente James Cornwell dans cette vie je
travaille pour les services de renseignement de ça Majesté. Je vis à Londres.

James leur donna une carte de visite avec adresse personnelle et son téléphone.

Sinon l'arrivée à Camelot ne m'en a pas appris plus sur ce que nous sommes. Avez-vous eu des informations particulières ? Et surtout savez-vous ce que nous sommes censés faire à partir de maintenant ?

César a donc retrouvé James et Xiu non loin de l'entrée du site. Ils s'entretiennent maintenant à l'écart, à l'abris des oreilles indiscrètes.

...Aucune idée l'ami. Savoir que le destin de l'Humanité repose en partie sur mes épaules est encore récent pour moi, dit-il avec humour. Je suppose qu'il nous faut en apprendre davantage d'une manière ou d'une autre car, personnellement, chaque réminiscence de ma vie de chevalier de la Table ronde m'apporte un peu plus d'assurance face à toutes ces questions.

Si quelqu'un entendait la conversation du trio, il aurait vite fait de les prendre pour des fous. En ce qui les concerne pourtant, leur discussion est naturelle. César s'accommode de mieux en mieux au destin qui l'attend, même si cela lui prête encore à sourire à l'occasion.

Concernant Carçon, je me demande bien comment vous avez réussi à le contrarier. Ce type est vraiment sympathique. Il m'a invité à rester ici le temps de mon séjour, l'occasion pour nous d'en apprendre davantage. Plus important encore, Carçon est un spécialiste en Astronomie, un véritable passionné. Il m'a parlé de différents sites archéologiques à travers le monde qui ont tous un lien avec le Zodiaque. Ce n'est pas anodin pour nous qui connaissons l'existence des Elohims. Il s'avère que la Légende arthurienne y fait également mention d'une certaine façon. Je vous passe les détails mais pour résumer : Arthur Pendagron était entouré de douze chevaliers qui étaient autant de Trinités, toutes allouées à un rôle lié à leur Archétype. Nous trois mis-à-part, il en reste neuf. Dix si le Roi l'était également. Il est donc probable que des Trinités arrivent à Camelot dans les jours qui viennent. Peut-être que certaines d'entre-elles partageront notre "équilibre" pour ainsi dire... Les autres seront nos adversaires.

Après avoir sorti de sa poche son paquet de tabac, César s'applique à rouler une cigarette.

Même si tout ça reste encore flou pour nous, ça n'en est pas moins vrai. Je crois qu'il faut avant tout garder à l'esprit qu'une guerre nous attend.

César allume sa clope. Il tire une première bouffée en attendant d'écouter l'avis de ses compagnons d'armes.

Plutôt que de rester debout au milieu des champs à discuter sur leur vie actuelle, sur leur rôle, leurs responsabilités et sur leurs actions à venir, les trois chevaliers se mettent en marche et quittent ainsi les ruines de leur ancien fort.
Prenant le bus, ils rejoignent le cœur du village de Cadbury, et passent le reste de leur journée à converser dans un pub.

Les habitants sont particulièrement chaleureux, aucune rigueur n'est entretenue à l'égard des deux étrangers que sont César et Xiu, à vrai dire personne ne prête d'attention particulière à cet étrange groupe. Les Trinités en déduisent rapidement que les locaux ont l'habitude de recevoir des gens des quatre coins du monde, sporadiquement certes, mais tout à fait régulièrement.

Au crépuscule, nos Trinités n'ont toujours pas fini de discourir, lorsque des étudiants de Carçon font leur entrée et rejoignent le bar où ils ont visiblement leurs habitudes. Ils adressent un signe de tête à leur colocataire et aux deux agents du MI5.

Spoiler:

à suivre...

L'air marin finit de le réveiller. La nuit fut courte, mais salvatrice. Sean ne s'en fait plus des évènements récents et à décider d'aller de l'avant, comme toujours.
Sur le pont du ferry, il regarde en direction de l'Angleterre. Qui était-il? Cette nouvelle lutte dans laquelle il s'engage, plus ou moins bon gré mal gré, a-t-elle un si grand enjeu? A en croire les dires du Messager, il se retrouve carrément sur un échiquier de divinités. A-t-il si souvent été "faible" pour succomber autant de fois à son côté ténébreux, ou bien est-ce là sa véritable nature?

Les heures de réflexions suivantes n'apportent à Sean aucun réconfort... il est dans le doute. Seule la sirène du ferry le ramène à l'instant présent. Les voilà enfin rendu à terre. Et bien sûr... il est le seul à être contrôlé par les services de douanes anglais. Son sac n'est pourtant pas bien imposant. Malgré cela, la fouille prends "des heures", les questions des agents sont également interminables. Il y répond machinalement, sincèrement même en fait.

Il se souvient de ses collègues de l'IRA provisoire qui peu avant la dissolution lui avaient certifié qu'il était entré dans les carnets de surveillance du MI6. Son départ si précipité aurait-il pu les amener à en conclure quelques actions extrémistes? Sont-ils si réactifs? Alors il serait donc sous surveillance constante? Non, ils auraient agis la nuit où les deux hurluberlus ont débarqué l'avant veille?!

Vous pouvez y aller, et passez un agréable séjour, finit par lui dire l'un des douaniers, en l'invitant à quitter le port.

Putain, pense Sean, il fait déjà nuit. Bandes de... poulpes.

Il hèle un taxi et lui ordonne de prendre la direction d'un hôtel...

A l'aube, l'irlandais rejoint un office de tourisme et se renseigne sur les commodités de transport pouvant le mener dans le Somerset. Rapidement l'itinéraire est établi: train pour Bristol puis car jusqu'à Cadbury Castle. Parfait, cela ne sera guère compliquer. Preuve en ai qu'en fin d'après midi il descend du car, près du mont d'où émergeait le fort d'Arthur. Enfin au pied des ruines de Camelot, il se souvient que la colline était avant tout une place forte destinée à regrouper et entraîner des troupes pour aller combattre l'ennemi juré d'Arthur, Mordred. Mordred... l'ombre menaçante, une âme noire comme la nuit, dotée de pouvoirs terrifiants, et oncle d'Arthur!

Instinctivement, il gravit, dans la pénombre naissante, la colline. Chaque pas le ramène vers le passé... jusqu'à ce qu'il tombe sur la délimitation archaïque des fouilles archéologiques. D'abord hésitant, il décide de pénétrer les lieux lorsque des jeunes gens l'interpellent. Ils se présentent tout d'abord à lui, élèves du professeur Carçon, ils lui demandent la raison de sa venue. Après sa présentation, Sean explique être un dilettante de l'archéologie. Peu à peu la confiance s'installe et les jeunes gens l'invitent pour le dîner.
Pendant plusieurs minutes, il bavarde de tout et de rien avec les jeunes œuvrant dans la cuisine du réfectoire. Ses origines irlandaises ont même amenés l'IRA dans la conversation. Finalement, le sujet de conversation en revient aux fouilles et leur but. A ce même moment le professeur Éric Carçon, et le reste de ses étudiants, entrent dans la cantine et s'attablent. Leur conversation est soutenue et pleine d'un entrain chaleureux et convaincu, à tel point qu'aucun d'entre eux n'a encore remarqué la présence de "l'intrus".

La faute est vite réparé. Tous attablés, ils partagent leur passion avec O'Connel. Aux questions de Sean, Carçon, homme expansif et accueillant, explique qu'il en est venu à s'intéresser à la Table ronde suite à la restauration d'une œuvre de marqueterie montrant les chevaliers autour d'une Table ronde arborant des signes astrologiques.
Jusque très tard dans la nuit, la majorité des élèves ayant rejoints le dortoir, Éric continue d'accaparer le doc'. Lui montrant des photos de nombreuses de ses fouilles, des mystères de l'archéologie et de l'astronomie, que des anciens ne prenaient pas la peine de différencier...
Sean, épuisé par son voyage, finit par s'excuser. Le professeur l'invite à demeurer sur place pour la nuit, mais l'irlandais a la tête en compote et ne pourrait soutenir à nouveau une telle conversation dès son réveil.

Il se retrouve donc à marcher en pleine nuit, avec un plan sommaire fait par les élèves, pour rejoindre l'hôtel le plus proche. Ceci fait, il remercie la technologie qui lui permet de rejoindre une chambre à coucher avec la seule aide de sa carte bancaire.

Réveillé par la femme de chambre, Sean prend un petit déjeuner en lieu et place du déjeuner, puis décide de passer la journée à visiter la bourgade Cadbury. Le temps n'est guère de la partie pour des vacances en tout point agréable. Le froid il sait s'en accommoder, mais le vent, la neige fine, voire la pluie, il a plus de mal.
La veillée et le temps exécrable ont raison de sa détermination, du moins pour le jour. Il se trouve une petite auberge et y loue une chambre pour la fin de semaine. Bien heureux de constater qu'il dispose d'une baignoire, il se fait couler un bain chaud et se relaxe. Le reste de la soirée sera consacrée à la détente.

... la nuit quant à elle sera agitée.
A peine est-il endormi qu'un cauchemar l'assaille: la scène est sombre, des signes zodiacaux, faits d'une poussière blanchâtre, dansent une gigue endiablée puis sont balayés par une déferlante de sang charriant des morceaux de chair!

19 janvier 2000

Encore un réveil tardif pour Sean. Il ne comprend guère le sens de ce cauchemar. Nauséeux, il quitte l'auberge, et hallucine en plein jour... ses visions se rappellent à lui... là sur la route avancent fièrement Lancelot et Perceval à dos de cheval. Secouant la tête pour se ressaisir, il voit s'éloigner deux cyclistes sur la route pour disparaître à l'angle de la rue.
Reprenant son planning touristique, Sean s'en va chercher le bus pour Yeovil où il y louera une voiture.

Merde!

Les gens se retournent vers le doc' qui vient de jurer en gaélique. De son siège de bus, il aurait jurer avoir aperçu Tristan, fier, droit comme un i et toujours le visage soucieux, toute en armure devant cet hôpital... la question est; que faisait-il une cigarette au bec?! Sean commence à douter de sa santé mentale, il ne parvient pas à se concentrer. Il se sent perdu entre deux univers, deux ères. Il loue un véhicule et rentre directement à l'auberge pour s'enfermer dans sa chambre. Penser, ne pas penser que faire? Sa raison semble vouloir lui échapper. Il ressort et va vider son réservoir d'essence à tourner dans les environs.

Les heures passent... jusqu'à ce qu'il revienne à lui. Sous le ciel étoilé, un choc l'a ramené à l'instant présent. Il freine et regarde dans son rétroviseur.

Non!!! hurle-t-il intérieurement.

Le panneau de sorti de ville indique ce lieu maudit par le passé: Downhead. Mais le pire reste à venir, il aperçoit trois de ses anciens frères d'armes. Perceval allongé, Lancelot agenouillé et Tristan toujours aussi droit. Comme à la vision d'une augure, la raison l'abandonne. Bedwir fuit, pied au plancher.

En ce jeudi 20 janvier, O'Connel se réveille apaisé. Voilà se qui l'a attiré ici. Cet homme, ce Bedwir. Son passé se rappelle à lui, il fut cet homme. Il est cet homme. A l'acceptation de cette vérité, Sean recouvre toute son intégrité mentale. Rassaini, il se lève plein de fougue, prend son petit déjeuner et lit le journal. La nouvelle de l'assassinat de Clémence l'attriste. Il se souvient d'elle et de son professeur si accueillant. Il ira porter ses condoléances et son soutient auprès de ses amis. Résolu, il plie le journal et prend la direction des ruines de Camelot.